Encore meilleur bouc émissaire que Kerviel : le contribuable !
Suite au verdict condamnant Jérôme Kerviel à dédommager la Société Générale à hauteur de 4,9 milliards d’euros, la banque a voulu se donner le beau rôle. Plutôt que de faire poursuivre Kerviel par des huissiers pendant les 177 000 prochaines années, la Société Générale, magnanime, s’est dit prête à trouver un arrangement avec son ancien employé. Jamais avare de bons sentiments et surtout consciente du caractère inique de cette décision pour l’opinion publique (et donc chez ses clients), la banque avait même annoncé « qu’il n’était pas question de réclamer une telle somme ». La Société Générale est décidemment trop généreuse avec son ancien lampiste…
On pensait que l’arrogance et le dédain des ploutocrates de la Société Générale avaient atteint la limite du supportable. Mais vraisemblablement non… On vient d’apprendre que ces messieurs les banquiers ont déjà récupéré 1,6 milliard d’euros, et cela de la façon la plus légale qui soit. Les dirigeants de la banque et l’Etat se sont bien gardés de communiquer sur ce point. Au moment où on rabote les niches fiscales pour les jeunes mariés et les classes moyennes, les Français seront heureux d’apprendre que le Trésor public a offert une déduction de 1,6 milliard à une banque qui a déjà largement profité de la générosité du gouvernement depuis 2 ans.
En dépit du bon sens, l’Etat a déduit cette somme, équivalente à plus de 3 fois le coût des réductions d’impôts pour les jeunes mariés, car elle a jugé que la Société Générale n’était pas responsable de cette perte, et cela bien avant le jugement rendu mardi dernier. On peut donc se demander l’utilité d’une décision de justice si l’Etat anticipe sur le verdict…
Si ce dispositif légal prend tout son sens pour un artisan ou une PME victimes d’une catastrophe naturelle, elle paraît bien plus suspecte pour une multinationale du secteur bancaire victime de sa propre cupidité. Les artisans et dirigeants de PME sauront apprécier ce cadeau fiscal au moment où ils tentent de faire survivre leur entreprise en temps de crise.
Il est temps d’arrêter le pillage de l’économie réelle par un oligopole privé qui se croit au-dessus de tout. Il est temps que l’Etat cesse de privilégier les puissants et investisse enfin dans l’industrie et la recherche. Le contribuable n’a pas à payer les risques de la spéculation financière. La Société Générale doit rembourser les Français !
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne et président de Debout La République